Budapest, le 16 novembre 2015

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Parlementaires,

Nos premiers mots vont, aujourd’hui encore, aux condoléances. Je voudrais exprimer ici les condoléances de la Hongrie et des Hongrois au peuple français. Nous sommes de tout cœur avec lui, nous sommes à ses côtés dans l’adversité.

L’Union européenne a été attaquée, et nous aussi, nous sommes en danger. Pour François Hollande, le très estimé président de la République française, il s’agit d’un acte de guerre. S’il en est ainsi – et il en est ainsi – nous devons savoir que ce n’est pas seulement la France et le peuple français qui sont en guerre. La France est membre de l’Union européenne. Vu d’ici, c’est l’Union européenne qui a été attaquée à Paris. Nous en sommes aussi les membres, donc c’est aussi notre affaire. Ce qui s’est produit vendredi soir peut se reproduire aussi ailleurs, n’importe où en Europe. Nous ne sommes pas à l’abri non plus.

Le moment est venu pour les responsables politiques qui jouent un rôle dirigeant au sein de l’Union européenne d’en prendre conscience et de réaliser l’importance de l’enjeu. Posons cette question simple: qu’est ce qui est le plus humain? Jusqu’à présent, nous nous sommes attachés, en Hongrie, à fermer notre frontière devant la marée humaine provenant du Proche-Orient et d’Afrique. Nous en avons pris pour notre grade, l’on nous a dit que ce n’est pas humain. Mais nous nous retrouvons devant la même question: qu’est-ce qui est le plus humain: fermer les frontières devant les entrants illégaux, ou mettre en danger la vie d’innocents citoyens européens? Le droit à la vie prime tout autre droit, tout comme le droit à l’autodéfense. Aucune idéologie, aucun intérêt économique ne nous donne le droit d’exposer à un danger de mort les citoyens européens. Inutile de nous le cacher: l’Union est à la dérive, elle est faible, elle est indécise, elle est paralysée. Réunions et conférences se suivent à satiété, mais sans apporter aucune solution. Nous sommes empêtrés dans les filets des idéologies, au lieu d’agir sur la base du bon sens et de nos propres traditions culturelles. Les dirigeants de nombreux pays d’Europe en sont encore à chercher, à grand’peine, le moyen de résoudre le problème du transport et de l’accueil de la masse des migrants, au lieu de prendre, ensemble, des mesures concrètes pour l’arrêt du flux migratoire. L’on continue de considérer à Bruxelles que l’immigration est une bonne chose, alors que nous recevons tous les jours de nouvelles preuves du fait qu’elle en est une mauvaise. Ce n’est pas à une situation «win-win», où tout le monde serait gagnant, mais à une situation «lose-lose», où tout le monde est perdant, que nous avons affaire.

Nous avons, quant à nous, clairement le sentiment qu’il en va de l’existence de l’Europe elle-même. Mais Bruxelles continue d’envoyer à ces migrants de mauvais messages, des messages répétés d’invitation à venir. Au lieu de leur faire savoir enfin, de manière résolue et honnête, que ce qui les attend ici n’est absolument pas ce sur quoi ils comptent.

Mesdames et Messieurs les Parlementaires,

Nous avons averti à de nombreuses reprises les dirigeants de l’Europe de ne pas inviter ces gens à venir en Europe. Tous ceux qui ont considéré avec un minimum de bon sens les conséquences possibles d’un mouvement migratoire illimité étaient bien conscients des dangers que recèle le franchissement illégal et incontrôlé de nos frontières par de telles masses humaines. Les experts en sécurité, les responsables du renseignement et des services secrets, les chefs des polices d’Europe et d’Amérique ont régulièrement averti l’Europe de l’accroissement de la menace terroriste. Tous les responsables politiques, tous les dirigeants européens connaissaient le danger. Quant aux Grecs, ils avaient déclaré depuis longtemps, dès le début de l’été, que l’on ne pouvait absolument pas exclure l’arrivée de djihadistes parmi la masse des migrants. Le bon sens nous le dictait clairement: il ne faut tout simplement pas laisser entrer de telles masses sans contrôle. Des centaines de milliers de personnes, dont nous ne savons pas avec exactitude d’où elles viennent, qui elles sont, ce qu’elles veulent. Et surtout des personnes en provenance de zones où les Etats d’Europe conduisent des opérations militaires. C’est du jamais vu: nous laissons entrer – qui plus est: nous transportons – des centaines de milliers de personnes dont les pays d’origine sont en guerre avec l’Union européenne. Il s’est avéré que les terroristes utilisent le phénomène migratoire, de manière parfaitement consciente et organisée, pour se fondre dans la masse de ceux qui fuient leur pays dans l’espoir d’une vie meilleure. Nous ne pensons pas, bien sûr, que tous ceux qui viennent de ces pays sont des terroristes, mais nous ne savons pas – personne ne peut savoir – combien de terroristes sont déjà arrivés jusqu’à présent avec les migrants, combien sont déjà chez nous, et combien arriveront encore jour après jour. Un seul terroriste est un terroriste de trop. Je n’ose même pas me demander combien d’entre eux ont pu passer par la Hongrie. Il est temps d’y mettre fin, dans l’Europe tout entière.

Il est clair pour tous les hommes et femmes de bon sens que l’Europe ne peut pas supporter une telle masse humaine. Nous savons tous que l’économie de l’Europe est incapable de gérer une telle charge. Mais au-delà des évidences économiques et financières, le phénomène migratoire recèle trois dangers graves dont chacun est en soi une justification suffisante pour faire obstacle à la marée humaine à laquelle nous faisons face.

En premier lieu, nous avons fait l’expérience, vendredi soir, que le phénomène migratoire est un facteur d’accroissement exponentiel du péril terroriste. Et même, nous ne parlons plus d’une menace de terreur, mais de faits bien réels. Il s’agit donc bien d’une terreur réelle.

En second lieu, le flux migratoire accroît le risque de délinquance. Ce n’est peut-être pas «politiquement correct» de le dire. Le monde occidental nie même ouvertement ces faits, mais ils n’en demeurent pas moins des faits: là où un grand nombre de migrants se retrouvent en Europe, la délinquance s’est significativement accrue, la sécurité publique s’est détériorée, les vols, les cambriolages, les exactions, les violences corporelles graves, les agressions sexuelles et les meurtres sont plus nombreux. Même si nous n’en parlons pas, les faits demeurent.

Et en troisième lieu, l’implantation massive dans nos contrées de personnes provenant d’autres régions du monde, d’autres cultures, représente un danger pour notre propre culture, pour notre mode de vie, pour nos coutumes et pour nos traditions. Désormais, ceux qui vivaient jusqu’à présent dans le mirage du multiculturalisme, et qui voulaient nous imposer de force ce mirage, peuvent constater où tout cela nous mène.

A la lumière de ce qui s’est passé, nous devons dire aussi quelques mots des quotas de relocalisation. Nous en sommes toujours au point où l’on souhaite nous dire, quelque part depuis l’étranger, en compagnie de qui nous aurons à vivre en Hongrie. C’est cela, les quotas.

Mesdames et Messieurs les Parlementaires, je vous recommande de continuer à refuser cette approche, et à insister pour que nous puissions décider nous-mêmes qui nous voulons admettre chez nous, avec qui nous voulons cohabiter. Les quotas de relocalisation obligatoires ne sont tout simplement pas l’Europe, ils sont en opposition radicale avec l’esprit européen. Ils n’ont aucun sens, parce que loin de résoudre la crise, ils ne font que l’amplifier. L’on voit bien que les quotas de relocalisation obligatoires, loin de tenir les migrants à distance, constituent pour eux un message d’invitation. Loin de réduire la pression, ils ne font que l’augmenter, et les pays d’Europe, sous l’effet de cette pression croissante, vont rétablir leurs frontières à l’intérieur de l’Union. Si cela continue comme cela – et ce n’est qu’une question de temps – c’est la fin du système de Schengen et de la libre circulation. Les quotas obligatoires, Mesdames et Messieurs les Parlementaires, sont de plus illégaux, parce que les dirigeants européens n’ont pas été mandatés pour prendre des décisions de cette nature. Ils n’ont aucun mandat juridique pour contraindre un Etat-membre à prendre, que ce soit pour les réfugiés ou pour les migrants, des mesures dont il ne veut pas. A la lumière des attentats terroristes, Bruxelles ne peut désormais plus dénier aux Etats-membres le droit de se défendre. Car si les quotas de relocalisation obligatoires sont dangereux, c’est précisément parce qu’ils répartiraient le terrorisme sur l’Europe tout entière.

Ces faits, et les événements tragiques que nous venons de vivre montrent que nous avons besoin d’une nouvelle politique européenne. Il n’est pas suffisant de rapiécer l’ancienne. Je propose de nous défaire des dogmes, d’oublier le «politiquement correct», et de parler clair. Je propose de laisser tomber l’idéologie et de revenir au bon sens. A mes yeux, il est nécessaire de repenser la politique européenne sur la base de quatre commandements.

En premier lieu, nous devons défendre les frontières extérieures de l’Union européenne, parce que la sécurité commence avec la protection des frontières.

En second lieu, nous devons défendre notre culture, parce que l’essence de l’Europe est son identité spirituelle et culturelle.

En troisième lieu, nous devons défendre nos intérêts économiques, parce que nous autres Européens devons rester au centre de l’économie mondiale.

Et en quatrième lieu, il faut donner aux hommes et aux femmes le droit d’influencer les décisions européennes, parce que l’Union doit reposer sur des bases démocratiques.

Mesdames et Messieurs les Parlementaires,

Les citoyens de l’Europe n’ont pas voulu que des centaines de milliers d’étrangers envahissent nos pays en franchissant nos frontières de manière illégale et incontrôlée. Personne n’a jamais donné nulle part ni autorisation, ni mandat à une telle politique. Ce que les gens veulent, c’est vivre en sécurité, et jouir des avantages de l’Union. Et notre tâche, à nous autres parlementaires et gouvernements de l’Europe, est d’être à leur écoute.