10 février 2017
Monsieur le Président, Madame, Monsieur le Premier Ministre, Mesdames et Messieurs, voici la dix-neuvième fois que nous nous retrouvons pour cet exercice, cela devient respectable.
Il me vient à l’esprit l’histoire racontée par l’évêque réformé István Szabó, où deux petits garçons assistent au culte. « C’est ennuyeux », dit le plus petit, à quoi le plus grand répond : « c’est normal ». Eh bien, Mesdames et Messieurs, voilà une situation que nous n’avons pas à craindre. L’année 2016 n’a pas vraiment été ennuyeuse, et 2017 s’annonce plutôt riche en situations fortes. Il y a eu et il y aura de l’agitation, des surprises, des grattements de tête, des froncements de sourcils et des frottements d’yeux. Nous nous demanderons les uns aux autres si ce qui prend forme sous nos yeux est bien réel. Qui aurait cru voilà un ou deux ans, que l’Histoire jettera aux orties toutes les prévisions, qu’elle renverra en riant à leurs études les prophètes de la politique libérale, qu’elle fera un bras d’honneur aux bénéficiaires et aux thuriféraires de l’ordre international régnant, aux mondialistes et aux libéraux, aux hommes d’influence confortablement installés dans leurs tours d’ivoire et dans les studios de télévision, à la bande famélique des médias et de leurs patrons ? A tous ceux qui ont cru, enseigné et diffusé, que l’ordre mondial globalisé – dont ils ont ratissé tous les avantages – ne peut être modifié. Le temps des nations est révolu, leur place est au musée, avec leurs partisans. Et nous autres, simples citoyens, il ne nous reste qu’à prendre acte de tout cela et à nous y résigner, et si nous ne voulons pas nous morfondre jusqu’à la fin de nos jours dans nos idées dépassées et mises au mitard, c’est-à-dire si nous ne voulons pas rester des losers sans espoir, il nous faut entrer dans le rang et nous faire aux goûts libéraux du monde ouvert.
Mais l’Histoire, Mesdames et Messieurs, n’a pas lu les écrits des grands sages selon lesquels elle était arrivée à sa fin, qui nous disaient que son lit et son cours étaient déterminés, et qu’elle n’avait le droit d’avancer que dans le cadre de digues bien droites. L’Histoire n’a pas lu tout cela, et ne savait tout simplement pas qu’elle était finie, voilà tout. D’un coup d’un seul, elle a levé la main : pardon, je suis encore là, et j’aimerais vous montrer quelques petites nouveautés. Elle a pris un virage aigu, et elle est sortie du lit qui lui avait été fixé. Oui, Mesdames et Messieurs, vous voyez là que l’Histoire, c’est nous tous, pas seulement en Hongrie, mais dans l’Europe tout entière : c’est nous tous, hommes et femmes de chair et d’os, avec nos idées et nos pensées, nos projets et nos espoirs, qui n’aimons pas et ne tolérons pas que d’autres aient envie de dire et de décider pourquoi en fin de compte nous sommes sur cette terre, ce que nous devons faire et ne pas faire et comment, ce que nous devons penser ou ne pas penser.
Oui, mers chers amis, c’était beau de voir, au moment où nous fêtions le soixantième anniversaire de notre révolution de 1956, à quel point la liberté reste une grande valeur dans le monde. Comment tout cela a-t-il été possible en l’an de grâce 2016 ? Hubris, diraient les anciens Grecs : un mélange de suffisance, d’orgueil et d’autosatisfaction maladive. Arrogance et sentiment de supériorité, dirions-nous dans notre langue d’aujourd’hui. C’est une vieille erreur des riches et des puissants de ce monde de croire qu’ils peuvent se mettre impunément à la place de Dieu. Ils édictent des révélations, prononcent des vérités qui ne supportent pas la contradiction, imposent des utopies à des pays et à des peuples, décident ce que les autres doivent dire et ne pas dire, ce qu’ils doivent croire et ne pas croire, définissent le cercle des initiés et considèrent comme intangible leur pouvoir mondial. Argent, médias, gouvernement mondial et société mondialisée ouverte : en 2016, les gens en ont eu assez dans beaucoup de points du monde. Brexit, élections américaines, gouvernement italien flanqué dehors, référendum hongrois sur la migration – et d’autres suivront peut-être –, cette montée en régime du peuple, déjà célébrée en son temps par notre grand poète Petőfi, n’est, pour les libéraux aux abois, qu’un misérable populisme, dont chacun sait que c’est quelque chose de très vilain, pire, de nuisible, et qu’un homme politique « correct » ne peut pas dire cela en Europe.
Et pourtant, Mesdames et Messieurs, c’est exactement ce qui s’est produit. Ceux que l’on n’avait pas l’habitude d’interroger, ceux dont on ne pouvait pas entendre la voix, ceux qui ne n’étaient pas des habitués de l’univers mondial des médias, ceux que les rouages de l’économie mondialisée ont rejetés, les personnes en situation de dépendance dans lesquelles on ne voyait que faiblesse, ceux que l’on cachait dans les camisoles de force de l’économie et de la culture, ceux que l’on bâillonnait au nom du politiquement correct, ceux à qui l’on promettait qu’ils auront aussi leur part de l’économie mondiale et du gouvernement mondial, tous ceux-là se sont révoltés. Ils demandent qu’on leur rende leur patrie, ils demandent qu’on leur rende leurs chances dans l’économie et dans la société, ils demandent qu’on leur rende le monde, ce monde si large et si divers des nations, où ils se sont autrefois si bien sentis. C’est le message que crient les campagnes électorales américaines, françaises, italiennes, hollandaises et autrichiennes. Le lait bout, pourrait-on dire. Les nations d’Europe qui se préparent à leurs élections s’expriment d’une manière si dramatique et si lugubre que nous autres Hongrois ne savons qu’en penser. Oui, les dirigeants – qu’ils soient au pouvoir ou dans l’opposition – jusqu’à présent si courtois et si cultivés, citoyens du monde si distingués et si mesurés, se mettent à évoquer la survie de leur pays, les horreurs de la mondialisation, et la menace constituée par le flux migratoire fondamentaliste pour leur existence nationale.
Qu’est-ce qui leur a donc pris ? Vu d’ici, d’Europe centrale, l’on pourrait penser à première vue que le bien-être leur a fait perdre la raison. Comme disait ma mère, « ils en ont tant qu’ils ne savent plus qu’en faire ». C’est bien inhabituel, nous avons du mal à le croire. Des patrimoines familiaux et collectifs amassés sur soixante-dix années de paix. Des revenus élevés, des universités d’excellence, des œuvres d’art atteignant les sommets, des routes, des aéroports, des trains fonçant à toute allure. Une vie d’Union européenne à l’occidentale, que le monde entier admire et à laquelle il aspire. Après tout, les riches, ce sont eux, et c’est nous qui allons travailler chez eux dans l’espoir d’une rémunération plus élevée. Un Occident sûr de lui et voyant son avenir assuré, et une Europe de l’Est incertaine et inquiète quant à son avenir : voilà à quoi nous étions habitués. Mais si nous écoutons attentivement, nous pouvons comprendre que des doutes sérieux travaillent les Occidentaux eux-mêmes quant à leur avenir. Bien entendu, dans les clubs huppés des hommes importants, on fait la moue : c’est trop brut, trop rustre, trop terre-à-terre. Ils ne sont pas habitués à ce que tout d’un coup, sans détour, toutes sortes d’idées jusqu’alors inconnues puissent tout simplement faire irruption chez eux aux chants que l’on croyait oubliés d’une ère nouvelle. Mais ce n’est pas là, mes chers amis, une simple affaire de goûts et de couleurs. Et de plus, nous aussi sommes membres de l’Union européenne. Nous non plus ne pouvons pas nous y soustraire. Les cloches sonnent pour nous aussi, ce n’est pas un jeu, et l’heure est grave. Des défis majeurs sont en train de se jouer. Les Occidentaux pensent que leur sort peut en être scellé pour des générations. Et il n’y a aucune exagération pathétique dans tout cela. Pourront-ils poursuivre le mode de vie hérité de leurs parents, ou bien quelque chose d’irréversible ne se produira-t-il pas, sans leur accord, et même contre leur accord ? Auront-ils droit à leur propre culture ? Pourront-ils préserver les biens immatériels de l’intellect européen ? Auront-ils la possibilité, comme jusqu’à présent, d’étudier dans de bonnes écoles, de vivre d’un travail honorablement rémunéré, de se développer, d’accéder à la propriété, de fonder un foyer, d’élever une famille et de vieillir dans la dignité ? Et y aura-t-il une sécurité exempte de terrorisme, et une vie urbaine exempte de peur ? A quoi bon le bien-être et la richesse d’aujourd’hui, si l’avenir projette maintenant une ombre sur notre présent ? Une ombre longue et obscure. Et ce n’est pas nous, les envieux de l’Est, ni la propagande soviétique qui le dit : non, ce sont eux qui disent tout cela d’eux-mêmes, de leur propre situation, de leur propre avenir.
Mesdames et Messieurs, les contours de la situation de 2016 sont clairs. Dans notre communauté, dans l’Union européenne, nous autres Etats souverains faisons face aux unionistes, et les électeurs font face aux bureaucrates bruxellois. Tout cela n’est pas arrivé d’un jour à l’autre, comme sur un coup de tonnerre. C’est le fruit amer et acéré de longues années d’insatisfactions qui est arrivé à maturation. Mais pourquoi l’insatisfaction s’est-elle muée en révolte ? L’on nous avait appris jusqu’à présent que les vieilles démocraties occidentales représentent une qualité d’un ordre supérieur à celui de nos démocraties d’Europe centrale à peine débarrassées du funeste socialisme. Parce que là-bas, la démocratie ne représente pas seulement des élections libres, mais aussi et bien plus le tissu vivant de la liberté, un organisme souple et capable d’adaptation, réagissant en permanence au changement et capable de corriger ses erreurs seul et à temps. Peut-être cela était-il vrai à une époque, où les démocraties européennes évoluaient au zénith de leur cours. Mais depuis, l’ère des sociétés ouvertes a fait son apparition dans la partie occidentale de l’Europe et au-delà de l’océan aussi, avec la naissance de la police de la pensée et le politiquement correct. Il y a encore quelques années, la démocratie dans l’Union européenne était basée sur le débat d’idées. La confrontation soigneuse des arguments et des contre-arguments, un mode d’expression ouvert, une pensée et des associations d’idées libres, une vie intellectuelle projetant à la surface de vibrantes nouveautés. C’est tout cela qui était si attirant pour nous autres Hongrois, qui n’aimons rien tant que les relations de voisinage et les conversations de bistrot et de café. Le nouveau système politique appelé « société ouverte » a anéanti tout cela. Une démocratie basée sur le « correct » a pris la place de la démocratie basée sur le débat.
Au plan des idées, cela veut dire que l’orientation intellectuelle libérale s’est retrouvée en opposition avec l’idéal de la démocratie, c’est-à-dire avec l’idéal d’une communauté organisée sur la base du principe majoritaire, de la volonté de la majorité. Au plan politique, la société ouverte signifie que le véritable pouvoir, le pouvoir de décision et d’influence, n’est plus entre les mains des représentants du peuple ni des gouvernements, mais qu’il doit être cédé ou sous-traité aux acteurs du réseau mondial, aux gourous médiatiques, aux organisations internationales que personne n’a élues et à leurs officines locales. Au plan économique, la société ouverte signifie que les hommes, les peuples et les cultures sont débités au mètre, comme les hamburgers, pour devenir des produits marchands. Les Etats sont transformés en halls de gare, où chacun entre et sort à sa guise. Et enfin, par le démantèlement des règles de la protection économique, on laisse entrer le renard dans le poulailler pour assurer la liberté de la concurrence. Et bien sûr, personne n’y peut rien si ce sont chaque fois les renards qui gagnent. Et si les infortunés citoyens européens, s’éveillant tardivement de leur sommeil, essaient malgré tout de s’en sortir, voilà qu’on libère sur eux quelques millions de migrants. Si ces Européens bouchés, incapables ou réticents à se débarrasser de leur nature chrétienne et de leurs sentiments patriotiques, persistent à s’entêter, eh bien creusons plus profond, changeons carrément l’humus de base de la vie européenne. Que viennent donc les masses issues d’autres religions, d’autres règles morales et d’autres coutumes. Peu importe qu’elles ne connaissent rien de l’Europe, elles nous apprendront à vivre. C’est ainsi qu’a vu le jour la plus incroyable coalition de l’histoire mondiale entre les trafiquants d’êtres humains, les activistes des droits de l’homme et les hauts dirigeants de l’Europe, dont l’objet est de transporter de manière organisée sur notre continent plusieurs millions de migrants.
Comment cela finira-t-il? (applaudissements) Aujourd’hui, au début de 2017, nous pouvons dire pour faire court que les seigneurs de la politique mondialiste ne cherchent pas l’erreur en eux-mêmes, mais plutôt chez les individus et chez les nations. Ils ont décidé qu’ils n’abandonneront pas leurs positions, et étoufferont la volonté populaire qui s’oppose à la société ouverte et à la gouvernance libérale. Ils ont affirmé que dans tel ou tel pays où ceux qui partagent leurs idées ne gagnent pas les élections, il n’y a plus de démocratie. Ils ont affirmé que le peuple représente un danger pour la démocratie. Et puisque le peuple est dangereux, ceux-là même qui défendaient hystériquement la liberté de la presse réclament maintenant la limitation de la presse, des médias et d’Internet. Je conseille à ceux qui ne trouvent pas suffisamment neutre la télévision publique hongroise de Sa Majesté de zapper sur une chaîne américaine. Ils ne tarderont pas à revenir sur la hongroise…(applaudissements) Si les insatisfaits ne la ferment pas, ou si les médias n’arrivent pas à les faire taire, alors ils sont stigmatisés, condamnés et reniés. Et il n’y a pas de pardon dans cet exercice, même pas pour le nouveau président des Etats-Unis. Rien d’étonnant donc à ce que la pression ne cesse de monter dans l’Union européenne : les soupapes céderont tôt ou tard et les gens, à défaut d’autre choix, finiront par se rebeller et chasseront par leur vote les élites libérales.
Voilà, Mesdames et Messieurs, la situation du monde en 2017, à l’heure où nous parlons. Je m’arrêterai d’ailleurs ici sur ce point, parce que nous ne sommes pas là pour évaluer l’Union européenne, aussi intéressant que ce soit pour un Hongrois de discourir sur les perspectives du gouvernement mondial. (applaudissements) Voyons plutôt quelle est la situation de la Hongrie et des Hongrois. Je voudrais commencer par dire que la Hongrie doit être évaluée à la lumière de son enracinement dans les événements européens et occidentaux. Si l’on part de là, l’on voit bien que nous avons dépassé le stade de la rébellion. Les « rebelles » d’aujourd’hui sont de gentils débutants par rapport à nous. Nous avons conçu, et réalisé au prix de sept années de dur labeur, notre propre système politique et économique hongrois. Un modèle hongrois, taillé à notre mesure, correspondant à notre goût, forgé sur la base de nos traditions, de nos instincts et de notre manière de raisonner : c’est le système de la coopération nationale.
(applaudissements) Nationale, parce que c’est de nous qu’il procède. Coopération, parce que nous voulons chercher notre bonheur non pas au détriment les uns des autres, mais en nous aidant les uns les autres. Et système, parce que ses fondations, ses murs, sa toiture, ses éléments constitutifs sont unis par les règles de la logique et du bon sens, et que sa charpente a été conçue selon les lois d’airain de l’économie et de l’histoire. C’est pourquoi nous devons veiller à ce qu’une économie hongroise compétitive soit toujours la solide couverture des baisses d’impôts et des hausses de salaires. Le liant du modèle hongrois est le courage, sans lequel aucune construction politique ne peut tenir, et encore moins ici, dans le bassin des Carpates ouvert à tous les vents. Nous avons dû, avec courage, retracer les lignes de démarcation entre la politique et l’économie, entre l’Etat et le marché, entre les idées confirmées et les nouvelles. Tout cela sans que la stabilité du pays ne puisse être menacée à aucun moment. La stabilité politique est un commandement supérieur à tout autre, surtout en période de crise. Lorsque au 20ème siècle, nos dirigeants ont déclaré forfait face aux situations de crise et qu’ils se sont révélés incapables de diriger et d’orienter le pays, nous nous sommes retrouvés désarmés face à nos ennemis et à ceux qui cherchaient notre perte. C’est une grande leçon. La suite s’appelle défaite, soumission et misère. La perte de la stabilité politique est un luxe que nous ne pouvons pas nous permettre, elle ne se produira d’ailleurs pas tant que nous resterons à la barre, je peux vous l’assurer. (applaudissements)
C’est nous, Mesdames et Messieurs, qui nous sommes rebiffés en premier quand nous avons décidé de renvoyer le Fonds Monétaire International, de faire rendre gorge aux banques, de taxer les multinationales et de mettre fin aux emprunts en devises. Nous nous sommes rebiffés quand on nous a dit qu’il n’est pas possible, simultanément, de remettre en ordre les finances publiques et de relancer la croissance économique. Nous nous y sommes pourtant attelés, et voilà que l’économie hongroise est en croissance continue depuis quatre ans. Nous nous sommes rebiffés contre le chômage, dont on nous disait qu’il était l’accessoire incontournable d’une économie de marché moderne. Nous nous sommes fixés l’objectif du plein emploi, et nous avons visé la création d’un million d’emplois nouveaux. Sept années sont passées, et nous en sommes déjà à sept cent mille. (applaudissements) L’on a aussi voulu nous interdire de réduire les dépenses d’énergie des ménages, mais nous avons fini par casser la résistance des grandes compagnies de services publics ainsi que celle, conjointe, de Bruxelles et de l’opposition, et nous y sommes arrivés. Le gouvernement des Etats-Unis de l’époque, Bruxelles et même Berlin ont décrété que l’on ne doit pas, et que de toute manière l’on ne peut pas arrêter les migrants. Nous avons résisté, nous avons protégé notre frontière, nous avons monté une clôture, nous avons recruté des gardes-frontière et nous les avons arrêtés. Nous avons ainsi défendu la Hongrie, et accessoirement l’Europe aussi. (applaudissements) Et avec notre référendum, nous avons interdit que d’autres puissent décider qui nous pouvons faire entrer chez nous et qui non. (applaudissements) Nous laisserons entrer évidemment les véritables réfugiés : les Allemands, les Hollandais, les Français, les Italiens, les politiciens et les journalistes terrorisés… (rires et applaudissements) … des chrétiens contraints de fuir leur pays, qui veulent retrouver chez nous l’Europe qu’ils ont perdue chez eux.
Nous étions il y a peu, Mesdames et Messieurs, la brebis galeuse, et nous sommes devenus aujourd’hui une success story que reconnaissent, à leur corps défendant, même ceux qui n’apprécient pas ce que nous avons fait et comment nous l’avons fait. Il n’y a pas à dire, nothing is more successful than success. Nous en sommes arrivés au point que les agences de notation relèvent systématiquement nos notes. En 2016, dans la catégorie moyenne-inférieure, celle des travailleurs aux faibles revenus, les choses ont enfin commencé à bouger. Les salaires sont en hausse, l’endettement des ménages diminue, le pouvoir d’achat s’élève. Il était temps, car ces catégories ont durement travaillé pour cela. Ce n’est pas une aide, ce n’est pas un cadeau, ce n’est pas une allocation, ce n’est pas une aumône. C’est le véritable salaire d’un véritable travail, une reconnaissance et une manifestation de respect. Il ne serait pas correct que le respect dû au travail moins qualifié et moins payé, mais tout aussi dur, ne soit pas honoré. Il ne serait pas correct, contrairement à la mode occidentale, d’importer une main d’œuvre étrangère pour la réalisation de ces tâches. Au lieu de cela, je propose d’honorer dignement tout poste de travail, tout travail consciencieusement effectué et tous ceux qui s’y consacrent. Nous devons être capables d’entretenir notre pays et d’assurer son fonctionnement nous-mêmes. (applaudissements) Nous avons besoin de tout le monde, et nous devons le même respect aux femmes de ménage, aux cantonniers, aux manutentionnaires, aux manœuvres et aux journaliers hongrois. C’est pour cette raison que nous augmentons le salaire minimum de 15% et le salaire minimum du travailleur qualifié de 25%. Nous formons le même pays et la même nation, eux aussi ont leur place dans notre avenir commun. (applaudissements)
Il est difficile, Mesdames et Messieurs, d’énoncer des certitudes quant à notre avenir. Vous voyez que les événements peuvent se mettre à marcher sur la tête du jour au lendemain. Mais nous ne devons pas renoncer pour autant à notre devoir de prévision. Le gouvernement et la direction d’un pays se doit de regarder vers l’avant, et c’est une exigence qui reste valable même si le brouillard couvre notre paysage. Ce que je peux dire en tout état de cause avec toute la prudence nécessaire et en dépit de toutes les difficultés, c’est que l’avenir des Hongrois, y compris celui des étudiants et des retraités, est assuré. La Hongrie se développe et se renforce. Nous ne l’avons pas reçu en cadeau, nous ne l’avons pas gagné au loto, ce ne sont pas les autres qui ont fait souffler le vent dans nos voiles, c’est nous – les dix millions de Hongrois – qui l’avons obtenu par notre travail. Nous réduisons régulièrement notre endettement, notre économie est en croissance continue, les salaires sont en hausse régulière, et nous atteindrons bientôt le plein emploi, c’est-à-dire qu’il y aura du travail pour tout le monde. Je m’engage personnellement à ce qu’aucun enfant ne grandisse en Hongrie sans voir ses parents travailler. (applaudissements) Nos frontières sont protégées, la sécurité publique est sous contrôle, la police agit avec détermination et résultats dans la traque des délinquants. Les préposés à la gestion des catastrophes naturelles sont à leur place et disponibles à chaque instant. Nos soldats attendent de pouvoir servir à nouveau dans une armée d’Europe centrale à la force retrouvée. Notre système particulier d’aide familiale devient lentement un des plus étendus et des plus diversifiés d’Europe. Les enfants fréquentent l’école maternelle dès l’âge de trois ans. 318.000 d’entre eux reçoivent à manger gratuitement. Nous veillons sur eux, nous les préparons à l’école, nous leur faisons rattraper lentement leur handicap familial de départ. 730.000 élèves reçoivent leurs livres de classe gratuitement. A l’école, nous ne leur dispensons pas seulement les connaissances, nous les élevons aussi. L’éducation physique quotidienne, l’instruction religieuse ou morale demeurent, et même nous en élevons la qualité. Nos collèges les attendent, et l’Etat hongrois finance déjà la seconde spécialisation. Depuis 2010, plus de 97.000 Hongrois ont pu étudier ou enseigner à l’étranger pour des périodes plus ou moins longues, grâce notamment à l’aide de l’Union européenne.
Entre 2013 et 2017, le salaire moyen des enseignants aura augmenté de 50%. Celui des professeurs et des chercheurs augmentera de 27% jusqu’en 2018. Le salaire des médecins et des pharmaciens spécialistes augmentera de 207.000 forints [670 euros] en deux étapes. Le salaire du personnel soignant augmentera de 56% en moyenne d’ici à 2018. Nous avons rénové 71 hôpitaux, nous avons construit 23 dispensaires et en avons rénovés 54, nous avons construit 27 centres de premier secours et en avons rénovés 35. Nous avons conclu les accords commerciaux et politiques nécessaires à notre développement sécurisé à l’international. Nous menons une politique étrangère indépendante. Tous les acteurs majeurs de l’économie mondiale et de la politique mondiale ont intérêt – ou en tout cas ne sont pas hostiles – au succès de la Hongrie. Les exportations hongroises ont justement battu hier un record historique. Cela veut dire que nous sommes de plus en plus compétitifs dans le monde entier. Nous faisons face à une année diplomatique record : l’on a rarement vu autant de mouvements qu’il n’y en aura cette année. Après le président russe, nous attendons le premier ministre chinois, nous attendons le premier ministre de l’Etat d’Israël, c’est nous qui orienterons à compter du 1er juillet le travail du Groupe de Visegrád, et nous aurons à l’automne à Budapest la conférence de seize chefs d’Etat et de gouvernement des Etats d’Europe centrale. (applaudissements) En ce qui concerne demain, je peux vous dire, en un mot comme en cent, qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Les ménages vont se redresser, y compris matériellement. En Hongrie, demain ne jette pas d’ombre sur aujourd’hui. Si chacun accomplit sa tâche consciencieusement, et si nous respectons nos lois, il n’y aura pas de problème et chacun pourra, chaque année, faire un nouveau pas en avant. Tout cela est bel et bon, mais nous sommes encore loin de pouvoir dire que c’est suffisant. Nous n’avons pas encore de raison de nous vanter, bien au contraire, et je conseille à chacun de faire preuve de modestie, parce qu’il y a de quoi. (applaudissements)
Je vous avoue qu’en ce qui me concerne ce n’est pas demain, mais après-demain qui m’inquiète. Que deviendront les Hongrois, que sera la vie des Hongrois dans 15 ou 20 ans ? Il est réjouissant que le nombre des naissances soit le plus élevé cette année depuis 2010. Le nombre des mariages est en augmentation, la diminution de notre population n’a jamais été aussi faible depuis des années, mais la diminution, même si elle est lente, reste une diminution. Il relève évidemment de la décision la plus personnelle de chacun de déterminer combien d’enfants il souhaite avoir, mais tout en étant personnelle, cette décision est aussi primordiale pour notre communauté. Je sais bien qu’ici l’échelle du changement se mesure en décennies. Le succès dépend clairement de la prévisibilité de la politique familiale et de la persévérance, mais je voudrais que vous sachiez que sur ce front nous n’avons pas encore percé. C’est pourquoi le gouvernement soutiendra par tous les moyens la naissance des enfants. (applaudissements) L’on dit qu’il n’est en principe pas possible d’établir de relation directe entre la variation du niveau de vie et les indicateurs démographiques. Je crois malgré tout qu’il est possible de trouver une relation entre la volonté de vivre d’une nation, la conscience collective d’un peuple et l’évolution des indicateurs démographiques, en d’autres termes entre la question de savoir si la nation est capable de croire et d’avoir confiance en elle-même et en ses successeurs, et la décision concernant le nombre d’enfants que l’on souhaite assumer. Je suis convaincu qu’il y a bel et bien un lien entre ce que nous accomplissons depuis bientôt sept ans et le désir de rajeunissement de notre nation, car ce qui n’a pas été donné aux individus pris isolément : le pouvoir de redevenir jeune, la nation peut le réaliser. Un peuple jeune peut naître d’un peuple vieillissant, cela ne dépend que de lui et de sa détermination. C’est une bonne chose que nos enfants accèdent dès l’âge de trois ans au système de l’école maternelle. C’est une bonne chose que l’Etat finance leur alimentation et leurs livres. Mais les élevons-nous, pendant ce temps, dans l’amour de leur patrie, aux sentiments patriotiques et à un mode de pensée patriotique ? La Hongrie sera-t-elle leur passion commune, comme c’est le cas aujourd’hui pour nous ? Auront-ils en eux le sentiment de justice nationale nourri par l’amour de la patrie ? Comprendront-ils que nous n’échapperons à l’esclavage d’autres peuples et que nous ne resterons une nation indépendante que si nous nous affirmons avant tout Hongrois ? Nous devrions enseigner consciencieusement tout cela dans nos écoles, parce que ce n’est qu’ainsi que nos enfants comprendront tout ce qui nous lie. J’avoue que je ne le vois pas aujourd’hui assuré. Et comme si tous ces points d’interrogation ne suffisaient pas, voici que frappent à notre porte la technologie des robots et la révolution numérique qui, après l’économie, atteint à présent également les sciences de la vie. Ce ne sont pas seulement les machines, la technologie et les connaissances qui changent : nous devons petit à petit nous confronter aussi au changement dans notre identité et dans notre nature humaine. Nous testons des limites, nous franchissons des frontières ancestrales, des frontières séparant des races, des lignes séparant les êtres humains des machines qu’ils ont eux-mêmes conçues. Nous évoluons à la limite de la tentation de Dieu. Les résultats scientifiques, le fait que nombre de maladies puissent aujourd’hui être guéries sont de bonne augure, mais certaines perspectives nous angoissent tout de même. Nous devons aussi nous préparer à ces changements. Mais je m’arrêterai ici, car je suis peut-être allé trop loin, et il faut tout de même laisser quelque chose pour mon discours de l’année prochaine.
En 2017, Mesdames et Messieurs, la politique de la Hongrie devra trouver la réponse à cinq interrogations majeures. Elle devra trouver la parade à cinq grandes agressions. Nous aurons besoin en 2017 d’une nouvelle politique nationale. Dès la première moitié de cette année, Bruxelles voudra nous interdire la réduction des charges d’énergie. Son projet est prêt, il comporte une réglementation centrale qui prendrait la place des politiques énergétiques indépendantes des pays, ce qui ôte aux Etats leur pouvoir d’établir le niveau des prix. La question est donc de savoir si nous pourrons défendre notre politique de diminution des charges, si nous resterons attachés à notre droit de fixer les prix, ou bien si nous acceptons la décision de Bruxelles et confions à nouveau aux grandes entreprises la détermination des prix de l’énergie ?
La question migratoire restera aussi à l’ordre du jour. L’immigration illégale a beau poser des problèmes insolubles et représenter une menace de terrorisme, la sanglante réalité et les actes barbares ont beau s’étendre à toute l’Europe, les migrants ont toujours la possibilité de circuler librement dans nos pays tant que leur situation n’a pas fait l’objet d’une décision définitive. La question de l’année 2017 sera de savoir s’il faut les placer et les maintenir en rétention jusqu’à la décision définitive les concernant ? Et en 2017 nous devrons aussi nous occuper de l’activisme croissant des organisations internationales. Et de plus, il y aura des élections dans de nombreux pays, y compris chez nous en 2018. Le fait que certains souhaitent influencer en secret la politique hongroise au moyen de financements étrangers pose problème. Je crois que nous avons déjà suffisamment prouvé que nous sommes capables de décider nous-mêmes de notre propre sort. La question est donc de savoir si nous céderons aux tentatives opaques d’influence depuis l’étranger. Il ne s’agit pas ici des organisations de la société civile dont le but est de promouvoir quelque initiative louable, mais bien des activistes rémunérés de certaines organisations internationales et de leurs officines hongroises. Ferons-nous quelque chose au moins pour améliorer leur transparence et leur identification ? Car nous devons savoir, Mesdames et Messieurs, que nous avons affaire ici à des prédateurs de grande envergure. Il s’agit chez nous de l’empire transfrontalier de George Soros, avec sa fortune colossale et son artillerie lourde internationale. Je pense tout de même que la coupe est pleine depuis qu’en dépit de la volonté populaire exprimée dans notre référendum, les organisations dépendant de George Soros travaillent infatigablement à transporter les migrants en Europe par centaines de milliers. Elles travaillent à détourner l’Assemblée nationale et le gouvernement hongrois de la voie tracée par les électeurs. Voulons-nous mettre tout cela à plat en 2017 ? Et plus précisément, comme je l’ai entendu récemment, voulons-nous mettre tout cela à plat et jouer cartes sur table ? Nous avons également constaté en 2016 que Bruxelles souhaite s’approprier des compétences toujours nouvelles au détriment des Etats-membres. Le nom de code bruxellois de cette action est « pilier social ». Il est déjà arrivé dans le passé que Bruxelles fasse échec aux réductions radicales d’impôt souhaitées par le gouvernement hongrois. Augmenter les impôts est possible, les réduire, non. C’est pourquoi la question est de savoir si nous voulons et, dans l’affirmative, si nous serons capables de maintenir la politique fiscale dans la compétence nationale, en d’autres termes les nations pourront-elles décider librement de leur politique fiscale ? Et enfin nous devrons nous préparer à ce que Bruxelles s’attaque aux aides à la création d’emplois. De nombreux pays – nous aussi – ont recours à cet outil de la croissance économique. La question est donc de savoir si les nations pourront ou pas décider si elles souhaitent ou non donner à leurs entreprises des aides à la création d’emplois, ou bien si cette décision doit elle aussi être transférée à Bruxelles. C’est à ces cinq questions que nous devrons donner des réponses claires ici en Hongrie, si nous voulons que notre pays continue à connaître le succès en 2017. En fait, c’est le droit d’un pays à décider de ses propres affaires qui sous-tend chacune de ces questions. Nous voilà donc revenus à notre point de départ : les nations contre les mondialistes, les souverainistes contre les unionistes. Si nous voulons des réponses sûres et solides, nous devons être en phase avec nos populations. Nous devons interroger nos concitoyens, nous devons les ranger à nos côtés, comme nous l’avons toujours fait pour toute question majeure. Mais notre détermination ne suffit pas : les Hongrois aussi doivent être déterminés, ils ne doivent pas laisser que l’on prenne des décisions les concernant par-dessus leur tête.
Il reste enfin une dernière question, Mesdames et Messieurs : le gouvernement a-t-il bien gouverné le pays en 2016 ? L’on pourrait l’écarter, car la réponse est plutôt entre les mains des électeurs que dans les nôtres. Mais je ne l’écarte pas. Vous savez que je suis partisan du discours direct. Et de plus, si nous cherchons bien, nous trouvons ici quelque chose de révélateur. Nous pouvons avoir des hausses de salaires, des réductions impôts, le plein emploi. Quels que soient les résultats, le Hongrois moyen pensera toujours qu’il voudrait bien connaître le gouvernement avec lequel il sera pleinement satisfait. Les Hongrois sont comme cela, et puisqu’ils sont comme cela, il ne faut jamais se formaliser face aux insatisfactions. J’ai vu dans ma vie suffisamment de chefs de gouvernement vexés, et croyez-moi, ce n’était pas un spectacle réjouissant… (applaudissements) Mais s’il ne faut pas se formaliser, il ne faut pas non plus se laisser déstabiliser. Les Hongrois ont suffisamment souffert de dirigeants incertains, incapables, pour ne pas dire plus… (applaudissements) … et qui nous ont toujours expliqué pourquoi il n’est pas possible d’agir, et à quel point il est injuste que les gens leur réclament en permanence ce qu’ils sont incapables de leur donner. Qui ont toujours expliqué à leurs auditoires que ce sont les circonstances qui nous privent de la réalisation de nos rêves, qui biffent nos projets, qui lient nos mains.
A partir de là, mes chers amis, un pas de plus et c’est l’autodénigrement, et nous sommes bien placés pour savoir que l’autodénigrement a longtemps été notre fléau. Se consoler mutuellement, les bras croisés, assis les yeux levés vers le ciel dans le tiède laboratoire de l’incapacité, et en même temps envier et dénigrer ceux qui veulent faire quelque chose, voilà ce qu’était la culture de la gestion socialiste. C’est de cela que nous nous sommes arrachés. Et c’est bien là que se trouve la source originelle de tous nos résultats d’aujourd’hui. (applaudissements) La Hongrie a bel et bien réussi à se sortir de la culture de l’autodénigrement et à pénétrer dans celle de l’action.
Mesdames et Messieurs, le grand écrivain hongrois Sándor Márai nous a appris que nous n’avons pas les moyens d’être médiocres. C’est aussi la loi d’airain de la direction politique de la Hongrie. Les Hongrois n’arriveront jamais à rien avec des dirigeants médiocres et un gouvernement médiocre. Ils ont besoin de plus, et méritent aussi plus. Mais la question difficile est de savoir ce qu’est le bon gouvernement et le bon dirigeant ? Pour moi, le bon gouvernement est celui qui porte le peuple jusqu’à son objectif d’une manière telle qu’une fois arrivé le peuple ait l’impression qu’il n’avait même pas besoin de dirigeants.
Que 2017 soit une année à la fin de laquelle nous aurons le sentiment qu’au fond, tout cela est allé de soi comme deux et deux font quatre.
Vive la Hongrie !
Vivent les Hongrois !
(applaudissements nourris)