le 17 février 2015 à Budapest
Bonjour Mesdames et Messieurs !
Je voudrais commencer par remercier publiquement M. le Président Poutine de nous avoir rendu visite. La Hongrie en est honorée. Nous sommes au terme d’une rencontre sérieuse, fructueuse, et – comme vous avez pu le voir – longue. Je peux résumer la journée d’aujourd’hui en disant que la Hongrie et la Russie ont renforcé leur coopération économique. Nous avons conclu des accords qui serviront bien – je dirais même : très bien – les intérêts de la Hongrie. J’ai clairement affirmé qu’à nos yeux, la Hongrie a besoin de la Russie : pour nous autres Hongrois, il est important que la Russie soit ouverte à nos produits, et c’est aussi l’intérêt de la Hongrie de pouvoir accéder à l’énergie russe de manière sûre, prévisible et à un prix raisonnable. Nous avons constaté que le renforcement des relations économiques est de l’intérêt des deux parties. Nous avons passé en revue nos relations interétatiques, et nous avons constaté que les relations entre nos deux Etats reposent sur le respect mutuel de nos deux peuples. C’est la raison pour laquelle nous allons rechercher la coopération et nous efforcer à l’établissement de rapports de bonne qualité.
Ma conviction personnelle est que cette coopération et ces bons rapports ne sont pas seulement de l’intérêt de la Hongrie, mais aussi de toute l’Europe. Je suis convaincu qu’il faut régler le plus tôt possible les rapports entre l’Union Européenne et la Russie. Il faut le faire de manière sensée, et la Hongrie soutiendra toute solution, toute formule raisonnable. L’on ne peut pas assurer la sécurité de la région à l’encontre de la Russie, l’on ne peut le faire qu’en collaboration avec elle. C’est pourquoi, nous en sommes convaincus, il faut négocier, négocier et négocier encore. L’accord de cessez-le-feu conclu tout récemment à Minsk est une bonne base de départ pour ce règlement, dans la mesure où au-delà du cessez-le-feu il porte sur une série d’autres points tout aussi importants. Notre conviction est que la base du règlement pourra être la paix et la coopération économique eurasiatique. La Hongrie se réjouit de ce que la France et l’Allemagne se soient engagées dans cette voie, et nous soutenons cette initiative, à la fois à court, à moyen et à long terme. Nous sommes convaincus qu’il est possible de parvenir à un consensus européen autour de la paix et de la coopération économique eurasiatique. Je vois bien que la visite de M. le Président Poutine a été précédée de toute une série conjectures sur le point de savoir s’il fallait voir dans la Hongrie une menace à l’unité de l’Europe. La Hongrie ne menace pas l’unité de l’Europe. Mais il est important que tout le monde en Europe s’engage dans la recherche de la paix, qui ne se limite pas à l’arrêt de la guerre, mais qui signifie aussi la construction de l’avenir. Je suis convaincu que nous pouvons, que nous devons parvenir à un consensus européen autour de la coopération avec la Russie.
Nous avons abordé la question de l’Ukraine, car l’Ukraine est notre voisin. J’ai affirmé à M. le Président Poutine que nous nous trouvons dans le camp de la paix, que nous mettons de grands espoirs dans le cessez-le-feu et que nous espérons vivement que l’on réussira à le maintenir sur la durée aussi. Si l’Union Européenne a vu le jour, c’est entre autres pour qu’il n’y ait plus de guerres en Europe. C’est précisément la raison pour laquelle notre génération a confiance dans l’unité de l’Europe. Qui plus est, nous autres Hongrois avons 200.000 raisons [allusion aux 200.000 Hongrois de souche vivant en Ukraine, NDT] de souhaiter que la paix règne en Ukraine.
Nous avons discuté aussi de questions économiques. Nous avons naturellement abordé le contrat de fourniture de gaz conclu en 1996, qui arrive à échéance cette année. Nous avons réussi à régler ce problème. Il ne reste plus qu’à régler les questions de détail, l’accord politique a été conclu. Nous avons la possibilité, dans le cadre du contrat en vigueur, d’utiliser plus tard les quantités de gaz non utilisées jusqu’à présent, et de les payer au moment elles nous seront livrées. Cela veut dire qu’avec cet accord nous avons mis en sécurité l’approvisionnement en gaz des ménages hongrois, tout en assurant la continuité du fonctionnement de l’industrie nationale. Au niveau de la coopération économique, nous avons constaté que les sanctions ont été très nuisibles, ainsi que les contre-sanctions. Nous respectons naturellement les sanctions tout comme les contre-sanctions, mais notre objectif commun est de revenir au renforcement de la coopération économique entre nos deux pays, et dans ce but un bon nombre d’accords concrets ont également été mis sur la table.
Mesdames et Messieurs, je suis convaincu que la paix n’est pas l’absence de conflit, mais bien plutôt la gestion pacifique des conflits qui se présentent. C’est pourquoi nous sommes confiants dans notre capacité, à l’avenir également, de gérer au travers d’outils pacifiques les différends actuels entre la Russie et l’Union Européenne.
Je vous remercie de votre attention.